mardi 20 novembre 2012

Tabacs

Michel Valprémy




1

fleur de hasch je creuse ta bouche tu larmes une bulle de licences (savoir trempé, multicolère) un orchestre falsifié bégaie la peine je lape ta morve quelques restes liquides (coca-cola) sur ma langue les mots s’encornent


2

tout s’use on vieillira sous des montagnes de solde je marche œil albumen pieds spongieux sur des passerelles vermoulues s’écaillent les mouettes les petits enfants et nos anciens désirs
le soir à l’abri des palmes — plus de cages, d’interdits mineurs, de discours ammoniacs — on avance à flots (sans se tenir) avec des fibres inventées le rêve s’incruste dans l’orbe du tabac — pilules fondante, onguents miellés


3

à Claudine

passacaille et ratamouille obélisque des grands fonds envergogne et zigzotant sirop de tous les diables ---------- ah ! mes perfusions de bazar ---------- peut-être ouais mais quel trip toutes seringues abolies en désorience et fichemolle
"Bof ça dépend où tu tiens ton piment ?"
queue de rat et raplapla  allons-y gayment dans l’alvéole des mistoufles bordure du rédéda caille morte etcétéra ---------- on en verra de plus joviales sous  ton appel aux dieux farceurs je ne te dis que ça : caracole la cornaline bijou de fou drop des fougères ---------- bon


4

A Francis C.

pancarte d’éden (les alizés au dépôt ?)
—O—
chant des folles soprani belles libellules des loggias foulards noués des endormies en ultima preghiera
star des songes muets tu balbuties en libre arbitre un programme de filles en mélanges (histoire d’y croire un peu)
Larme de paille en colegram ces archives de la mémoire l’illustration/les dégâts
(bouf ouf bouffi
le petit nombril)
"T’es pâle, t’as les yeux mâchés, t’as la tête de quelqu’un qui va dégueuler" parole d’inconverti on y reviendra au magma sans permission en oubli petit tout petit pygmée sous les immeubles à ras l’asphalte


5

à Claude

en langues lisse et râpues dans l’entrecuisse poissé — odeurs nicotine — à petits coups ciguë sur la déhiscence du cul ---------- des salves quel premier passage ? la large queue gorgée peut-être ---------- pour remède à l’absence je branle ma grenade ---------- dans les yeux — tout le masque — ta semence en bouillie

6

vermeil au centre de l’orange les mains claquent je pars en zone fortuite avec vous nomades extérieurs (je dis tout et son peuple) je ne décortique plus rien — ni le grain ni la pelure — je pars ailes au talon un serpent fouit le combat est amène c’est une pluie de cendres dans ma tête continue tambour le grand mouroir est là une chandelle/le ciel étoilé (MAZZZZZDA)


7

tu insistes le regard caramel (rire roulade en éclats de coquille, girouette des mains cassées) je te guette et ne fièvre sous les parapluies des platanes Neptune des dauphins cracheurs je te guette et te braise sur la place ambulante visage au font doré dans le ru d’une foule surexposée


8

tout est foutu dès le départ le cerveau est un cimetière de cellule usées un cordon pète
MAMAN !!!
l’eau fugue les murs couvent des ombres lisses ta souris se déglingue j’entends des clavecins (nocturnes en archipel) je suis un garde-vivre des abeilles s’y cognent on dirait des chamailles dans un fouillis de plumes ---------- il ne faut pas laisser la pipe refroidir


9

blue star et pickpocket pub tête de lama œil arc-en-ciel radotant Colombo café soluble affiches réclames bagues et bulles Hollywood un soir de marasme tu voyageras autre camp semelle variée sur la fumée sacrée du bâton ceylanais plane le sitar sirène d’exode ou chant cygne de l’homme broyé ici dans la maison d’Europe


10

le taxiphone se tait les grues obscènes crèvent le ciel mon désert est régal je vois des yeux glacés au fond du verre (je + x) le ventilateur ne couvre de lierre on sue l’alcool le tabac nous écharpe GO ON mon âme la voie n’a pas d’issue on a brisé les ( )
mégots à terre bout mâche


1977/1980, revu 1985, paru dans Rectangle n°7, juillet 1985

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