mardi 20 novembre 2012

Flashes (peinture jaune et autres vues)

Michel Valprémy




TANGER


un ciel drapeau sur la chair bleue des créneaux


désert blanc message soleil le nectar d'une tubéreuse


orteils crasseux et paume creuse dans le fumet des tripes fraîches la fragrance des verveines


(fable du marabout)
c’est une colline qu’’on ne regarde que de loin – à regards comptés – on ignore ce qui viendra (la foudre, le miracle) l’ère portera le nom de la colline qu’on ne regarde que de loin toutes les machines parleront on comptera nos sous


son rire invente l’émail il effeuille la menthe sur ma langue dans l’odeur aïeule d’une huile brûlée je lèche sa cuisse épicée bois l’eau de son coude la couverture bergère est une bonne paille on rampe sur nos ombres les dalles cuisent l’os


entre terrasse et marché le trémail des ruelles il pleut le ciel en damiers


ses deux béquilles en autel il prie – si loin La Mecque à cloche-pied


l’œil rasant le bâillon (encre en arabesque) femmes accroupies au seuil des maisons meringuées vierges urbaines sourire absent


éventail colorié des guenilles le soleil fossilise un sillage de linges


grêle sur pattes d’oiseau une pièce pour porter trois couffins de ripaille – l’étagère comblée on  parle élégamment de régimes


la peau du temps vibre c’est l’aube de la terre dans l’orgie des tambours


de sa bouche coule un jus d’olives des mots d’abordage il présente la figue et l’ambre soulève le coton bleu la blessure est intacte


après muezzin sur antennes T.V. les palmes zèbrent le pisé somnolences des sieste au secours des pins des bougainvillées vers l’horizon coton il médite ou ne pense plus



chaque été mes sandales neuves
je cherchais un sentier digne
de mon chien
 

1980, revu 1985, paru dans Rectangle n°7, juillet 1985



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