dimanche 20 mai 2012

Horizon, les falots (inédit)

Michel Valprémy



Elle souffla la bougie et l'obscurité fut. On cherchait nos gestes d'aveugles ancien (colin-maillard), sur la pierre déplâtrée, à hauteur des fagots, un éclat de silice scintilla.
...le fin brasero d'une cigarette dans la nuit des peaux rances... lune, vieux masque blessé des arbres polypiers...sur le verre irradié des lunettes d'été un profil simiesque, sans âge (ma tête passe).Au plus loin du constat le grésillement tungstène des lagunes…noyé sous la poix du soleil, l'ombre ocre du pisé glisse en aval de ma chute encore exquise aux pieds des mendiants…




Tout était contre moi, au-dessus d'un cratère fumant j'ai vu le fil. Un pendu, sourire au front, se balançait. L’ascète m'a dit, sculptant son bâton de vieillesse : "II ne faut pas découdre l'étiquette de l'épreuve. Un trajet guide l'autre."
On végète ici, trop d'enseignes, de parcs, d'enclos légaux. Epelez-moi tous les bateaux, ma carte est périmée. Sous l'affiche ménagère la ville se fendille, ses lézardes sont secrètes, sensibles au pouls de 1'ordinateur. Vers le palier obligé de l'escalier roulant (à l'étage, soldes sérieux) quel quidam retrousse son chemin ? Nos poignets portent l'heure, parfois le vent dilue les gaz, on distingue encore le ciel.




à Sophie Schwartz.

Un seul passage rehaussé d'orties. L’alcool bat sous ses ongles (galet poreux, message dans la paume), le sucre gonfle les veines, va-et-vient d'insomniaque. Les cloques aux genoux, le coude sur la barrière bleue elle attend l'ondée, les flaques du soleil, à petits plis d'espoirs. Puis rien, mais la nuit cagoule usée. Elle ne joue plus, ne rampe plus sur le mur échancré, muqueux (le trajet des cloportes). Elle ne distingue pas le balancement de la lampe à huile. Les pieds dans un ru inerte, presque tiède, est-ce la chaux ? le sel ?, hors des pistes et des cuivres, comme un clown pleureur, le fard craquant, elle invente le roulis des blés juste après les cerises.
La langueur n'étonne plus et chacun voulut rire. Plus de bornes, le soufre et le sable recouvrent les remparts, on balaya d'abord un premier mica.
Elle glisse dans le bois des bogues, l'insecte parle à la cassure des joncs, un radeau court sous la voussure des saules.
Elle entre dans sa chambre, dessine sur la fenêtre un liséré au sud des hautes voiles puis, coupable d'ennui, redécouvre les clichés en album ou, sur la planche acajou, la ligne fossile des collectes. A terre, papiers froissés.


Inédit, date inconnue

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.