dimanche 15 novembre 2009

Agrafe

Michel Valprémy


AGRAFE 1
Tu t’es retiré J’ai vu ta coquille Il pleut
Sous la plume l’huile Ton absence bave je découpe la page vierge la froisse la mouille de ma sueur la mâche l’avale rien ne me nourrit je crache des syllabes glaireuse des sons jamais écrits (unique, le croire)
La bouche caresse ton œil je ne sais pas si l’aube viendra dans ma tête roulent des fiacres un vieillard a brisé sa canne
AGRAFE 2
l’ombre passe sur les clochers les oiseaux perdent leurs plumes la fermière a déchiré son tablier j’ouvre la porte sur des injures molles un rasoir coupe ma tempe personne n’est venu
AGRAFE 3
la petite épingle dorée perce ma peau à l’intersection du cou et de l’épaule (le foulard sans cesse plissait) je ne dis rien je crois que tu le fais exprès tu souris le soir je déchire la soie au matin je ne parle plus
AGRAFE 4
quand il plia contre elle la fibule du corsage lui coupa le front ils firent l’amour dans le sang la femme de chambre ricana en changeant les draps sous le lit une araignée énorme rouge chantait comme un grillon
AGRAFE 5
ferme les yeux ! tu as placé un tison sur ma langue et je l’ai roulé comme réglisse douceur acidulée ton meilleur baiser
AGRAFE 6
Juste après le fouet du lézard je coupe le volubilis blanc et le pique à ton oreille l’orage monte soudain d’autres yeux pâlissent il faut sculpter de nouveau totems

Cassiopée ou l’envers du rien n°02, septembre 1983

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