lundi 11 mai 2009

Nocturne (fable)



Entre ses cuisses blanches, dans la touffeur du nid, un marin démâté couve les œufs d'avril.
La nuit caille son encre, un navire déboussole dans le goudron.
"C'est l'heure d'épeler le rêve d'abordage"
La lune gonfle sa meringue. L'enfant pisse du plus haut des balançoires ; à son front, dans le lacet d'osier, bouton d'or et canif.
Le matelot roucoule avec la terre, aveugle depuis l'orage. Il lâche sa laitance sur la roche et la mousse. Le silence éteint les lucioles.
L'enfant sait qu'aucun sucre n'enrobe les dunes du désert. Dans les contes, une fois, le prince dépeça l'endormie.
Le matelot voit l'œil qui le cloue, la lame sur la tempe. Il libère les colombes. A l'aube, l'enfant lape l'eau des lessives, brise l'aile des mésanges.

Interventions à haute voix n°14, septembre 1986

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